Ozzy64 a écrit:
Je continue à croire en l'idéal communiste car c'est une belle utopie.
Le problème, c'est d'abord de définir l'idéal communiste, voir le communisme tout court. L'idéal communiste de Marie-George Buffet n'est pas le même que celui de Lénine (ouf!) La cassure française du Congrès de Tours est pour moi révélatrice. Le PCF rêve du grand soir et de la castagne, il devient l'allié de Moscou, puis son serviteur. La SFIO estime que rien ne peut se faire hors du jeu démocratique. Aujourd'hui, à part Lutte Ouvrière (et le NPA?) aucun "communiste" ne mérite plus vraiment cette appellation. La belle utopie reste, mais mériterait plutôt le nom de socialiste, au sens XIXe siècle ou SFIO. Madame Buffet n'a pas un échantillon de communisme sur elle. De l'humanisme, oui.
Je suis pleinement conscient des drames, massacres, ignominies qui ont été commises au nom de cet idéal. Mais je parviens encore à me convaincre que ces actes ont été perpétrés par des "communistes déviants" ... Peut-être ai-je tort, peut-être ai-je raison ...
Je pense que tu as tort sur l'idée des "déviants". Par certains côtés, le libéralisme le plus dur (l'école de Chicago, Milton Friedman) me semble être tombé dans la même impasse d'un libéralisme vertueux mais dévoyé et qui méritait une deuxième chance. La crise actuelle est l'enfant de cette deuxième chance. Le rêve libéral des débuts est un doux rêve : fin du travail, les machines travaillent pour les hommes... Et finalement, ce sont les hommes qui bossent comme des machines. Le communisme veut renverser la société, c'est beau, mais 1) il y a de la casse (des morts, beaucoup) 2) la caste au pouvoir est remplacée par une autre caste au pouvoir. Cela a un nom : la dictature du prolétariat. Le premier terme n'est pas neutre.
Il ne me vient pas en tête un seul pouvoir communiste s'inspirant de Lénine qui n'ait pas fini par corrompre moralement et physiquement sa population, quel que soit le continent. Je rappelle aussi que les tortionnaires du Vietnam ou du pays khmer ont d'abord fait leurs classes au PCF ou à Moscou.
Jacques Rossi, Elisabeth Buber-Neumann, sont des exemples de communistes qui ont été mangé par le système et qui ont bien expliqué que sous sa forme hégémonique, l'utopie était liberticide. C'est un peu comme Robespierre, sur lequel je suis rendu actuellement avec mes élèves. En 1789, il est farouchement opposé à la peine de mort et invente la formule "Liberté, Egalité, Fraternité". 5 ans plus tard, il a fait exécuté ses adversaires, puis ses plus proches amis (Danton) = ein gross paradoxe! Le problème de l'utopie, c'est qu'elle a besoin d'un repoussoir, d'un ennemi, qu'il porte une étoile jaune, un gros portefeuille boursier ou un pantalon en haillon.
Je continue de soutenir que l'apport en France des idéaux communistes ont été "globalement positifs" pour notre pays: droit du travail, congés payés, Sécurité Sociale, diminution du temps du travail, suppression du travail des enfants ... j'en passe et des meilleures.
Les plus grandes avancées sociales en France ont été rendues possibles grâce à la présence des zélateurs de cet idéal dans les organes dirigeants de notre pays.
Sans le rapport de force de l'après-guerre et un parti communiste à 25%, la Sécurité Sociale n'aurait pas vu le jour. Idem en Angleterre avec les Travaillistes de Clement Atlee à la même époque. Nous sommes tout à fait d'accord sur ce point. Mais nous parlons ici d'un rapport de force démocratiquement exprimé, dans des institutions (parlement, gouvernement, syndicats) qui ont fonctionné. Idem en 1936.
Je ne remet pas en cause le socialisme, ni le libéralisme, ni le nationalisme, mais le fait que suivre une seule de ces pistes de façon exclusive mène le plus souvent au carnage. L'exclusivité idéologique n'est-elle pas "déviante" par nature?
Au fait, c'est dans une école catholique bretonne que j'ai découvert Jean Ferrat dans les 80's.