Les chiffres fous du foot espagnolA la date du 31 octobre 2008, la dette du football espagnol s’élévait à 627.266.721,38 euros (plus de 627 millions). Ce chiffre a été révélé par le gouvernement espagnol après que le Parti populaire lui a posé la question lors d’une session parlementaire. Ce jour-là, le pouvoir exécutif a également indiqué que la dette totale de la Ligue professionnelle de football à la Sécurité sociale s’élevait quant à elle à 4.912.112, 35 euros (presque 5 millions). Choquée, la Gauche unie a alors haussé le ton et demandé au pouvoir de rendre public le montant de la dette de chacun des clubs professionnels espagnols. Cette requête a été refusée.
Un mois seulement après qu’Iniesta et ses compagnons ont été reçus par Rodriguez Zapatero (le chef du gouvernement espagnol), le Congrès a voté, le 21 septembre 2010, une motion qui oblige les clubs de football a payer la totalité de leurs arriérés d’impôts. Il ne faut pas se voiler la face : le football est aujourd’hui aux mains de médiocres gestionnaires. Pendant que le football accumule les dettes, le pays tente de réduire son déficit budgétaire en employant la manière forte et en supprimant, par exemple, certaines allocations familles comme celles réservées aux jeunes mamans. Pendant ce temps-là, les clubs trouvent la parade pour éviter de rembourser leurs dettes. Les Espagnols ne sont donc pas tous logés à la même enseigne et encore moins tous égaux devant la loi et devant la dette. La question à un million est la suivante : 'A combien s’élève exactement la dette totale du football espagnol ?'. Aujourd’hui, il est presque impossible de la chiffrer. Elle est abyssale.
Un état avancé de putréfaction
Pour en savoir un peu plus et pour prendre conscience que le football espagnol est à l’agonie, il vous suffit de lire le rapport 'Football et Finances' réalisé par le professeur José Maria Gay de Liebana. Ce graphique vous prouvera à lui seul l’état avancé de putréfaction du football espagnol. Le Real Madrid et Barcelone sont eux aussi de sacrés créanciers. Ils doivent beaucoup d’argent au Trésor public et à la Sécurité Sociale. S’ils s’en sortent aujourd’hui, c’est grâce à la manne des droits télés. Ils touchent, chaque année, quelques 140 millions d’euros chacun. Cette somme leur permet de renégocier leur dette chaque année. Sans les droits télés et sans le merchandaising, le Barça comme le Real seraient étranglés par leurs dettes. Si Mediapro, la société détentrice des droits télés, n’avait plus, un jour (pas si lointain ?), assez d’argent pour payer ses contrats, ces deux mastodontes du football espagnol pourraient tout simplement être obligés de se déclarer en faillite. Selon l’étude du professeur Gay de Liebana, à la date du 30 Juin 2008, les Merengue ont un passif qui s’élève à 879 millions d’euros et les Culés à 510. Mais, et c’est bien connu, on ne prête qu’aux riches…
La dette cumulée des 20 clubs de la Liga s’élevait en 2008-2009 à 3,526 milliards d’euros. La LFP doit encore aujourd’hui 627 millions d’euros au Trésor Public et à la Sécurité Sociale. Mais qui va payer ? Les clubs sont aujourd’hui dans l’impossibilité de débourser une telle somme. Nombreux sont ceux qui sont en faillite 'technique'. Le Trésor Public va être obligé de baisser son pantalon face aux propriétaires du passe-temps national. Mais qui va réellement payer ? Qui seront les dindons de cette farce ? Je vous le dis dans le mille : les contribuables espagnols. Une partie des impôts servira à couvrir la médiocrité de ces gestionnaires qui donnent l’impression de jouer au monopoly avec le business du football. Les citoyens, qu’ils aiment le football ou pas, devront passer à la caisse pour financer la dette sauvage de la Liga. Ici, en Espagne, les jeunes mamans ne reçoivent plus d’allocations et d’autres sont privés de leurs droits, mais les clubs continuent de creuser leur dette comme des gamins capricieux.
RUBEN URIA (traduction Alexandre Juillard)
Ruben Uria, rédacteur en chef du site web de Cadena Cope, est chroniqueur à eurosport.es.
Lire son blog en espagnol et accéder aux données chiffrées ici.eurosport.fr