une bonne nouvelle pour débuter l'année
Il avait signé son premier contrat professionnel cet été en faveur des Girondins de Bordeaux, et a saisi sa chance lorsque Laurent Blanc lui en a donné l'occasion cette saison afin de remplacer Michael Ciani blessé, le jeune défenseur central Lamine Sane prolonge son contrat de deux saisons supplémentaires et se trouve désormais lié au club bordelais jusqu'en juin 2014.
une interview dans sud-ouest de Lamine
«Quand je suis rentré sur le terrain, le 3 novembre à Munich, j'ai pensé que tous les téléspectateurs allaient se dire : mais qui c'est, ce Sané ? » C'est une bonne question. Lamine Sané est-il cet enfant venu de Sainte-Livrade qui, au pied des tours de Lormont, se définissait « d'abord comme Lot-et-Garonnais » ? Ou ce néo-pro des Girondins aujourd'hui « fier de représenter Lormont et la rive droite » parmi les Bordelais de l'autre rive ?
Est-il ce « grand supporter de l'équipe de France » et de ses coéquipiers Carrasso, Gourcuff et Diarra ? Ou est-il plutôt ce fils d'immigré sénégalais qui, à 15 ans, fêtait la victoire (1-0) de son pays d'origine sur les Bleus de Roger Lemerre en 2002 (« C'est le pays, désolé... », dit-il en portant la main au coeur) ?
De la DH à la Ligue 1
Lamine Sané est un peu tout ça, et pas mal d'autres choses encore, dans le dédale intime de ses appartenances. Il est surtout, sur le terrain, « la » révélation girondine de l'hiver en défense centrale. Et, dans son parcours de footballeur, le rescapé d'un drôle de voyage, qui l'a vu rêver de foot, puis renoncer, puis se relancer en repassant, par deux fois, par la case Lormont.
« Qu'on me donne un autre exemple de joueur passé en deux ans de la Division Honneur à la meilleure équipe de Ligue 1 ! », résume Fabien Pujo, qui fut son entraîneur à Lormont. « C'est Fabien qui est venu me chercher quand j'avais décidé d'arrêter le foot, raconte Lamine Sané. Il m'a dit que je n'avais pas le droit de faire ça. Il y a eu des parcours pires que le mien, mais j'ai enduré des choses qui font que mon approche aujourd'hui est différente. »
Son père est ouvrier chez Lu, à Cestas, sa mère « dame de ménage dans un centre pour jeunes ». Lui dit avoir été « à peu près un bon élève » jusqu'à son entrée en « 4e foot ». « Après, je ne pensais plus qu'à ça. J'ai fait un BEP de climatisation, mais je ne voulais pas faire ça... Je faisais croire à ma mère que je cherchais du travail, mais je ne le faisais pas : je voulais devenir footballeur. Aujourd'hui, elle est fière de moi. Mais rien n'a été évident », raconte ce musulman qui « remercie Dieu chaque matin » et dit combien la foi « le rapproche » de ses coéquipiers catholiques sud-américains.
Le titre sans jouer
Sans passer par un centre de formation de club pro, ce défenseur vif, athlétique, habile relanceur et « doté d'un excellent pied droit » selon Fabien Pujo, a été repéré par le FC Sochaux-Montbéliard en 2008. Après trois allers-retours Gironde-Doubs, on lui a proposé un contrat pro. Mais il a préféré signer un contrat amateur avec Bordeaux. « Tout le monde n'aurait pas fait ça. Mais j'ai deux clubs dans mon coeur : Liverpool et les Girondins. Ici, j'ai ma famille, mes amis, ils sont là dans les moments difficiles ».
Parce qu'il n'y a pas qu'à Liverpool que « Tu ne marcheras jamais seul » (« You'll never walk alone »), l'ancien poussin qui sautait de joie en voyant Dugarry en visite à Lormont est devenu à son tour une star dans sa ville, après trois matches réussis en Ligue 1 en décembre. « La rive droite ne parle plus que de lui et de la façon dont il a joué devant le Lyonnais Lisandro Lopez ! », raconte son petit frère, Salif, 19 ans.
Ni l'argent de son premier contrat pro, signé en septembre, ni la notoriété que lui ont apporté ses prestations télévisées n'ont changé Lamine Sané. Son ami et ancien coach Fabien Pujo glisse : « Il n'a plus sa Twingo, mais il est resté humble. Je lui dis souvent que le plus dur reste à faire et il le comprend très bien. Il a gardé les pieds sur terre. »